Pourquoi traduire des romans en wolof
Cher tout le monde, femmes, hommes et tant d’autres, on estime que le wolof est parlé par dix millions de locuteurs au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie. Dès lors, n’est-ce pas une belle initiative que le partenariat entre Zulma et Mémoire d’encrier, deux maisons d’édition de chaque côté de l’Atlantique, à l’origine du label Céytu, dirigé par Boubacar Boris Diop et dédié à la publication de textes littéraires incontournables traduits en wolof ?
Une interview de Boubacar Boris Diop sur altermonde.org éclaire quant à la démarche de la collection qui accueillera bientôt une célébrité pour les petits comme les grands : Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Anecdote : lors d’un séjour en Haïti, j’ai acheté l’édition créole. Et la comparer au français de Saint-Ex est une expérience jubilatoire.
Boubacar Boris Diop est un écrivain essayiste et dramaturge sénégalais né en 1946, dont l’ensemble de l’œuvre a été récompensé, en 2000, par le Grand prix littéraire d’Afrique noire.
Les éditions Zulma ont republié son roman, Murambi, le livre des ossements, qui a été écrit dans le cadre de « Rwanda : écrire par devoir de mémoire », un projet auquel ont participé une dizaine d’écrivains africains ayant pu ainsi travailler sur le génocide à propos duquel, il semble, que les intellectuels africains étaient alors assez silencieux. Je vous renvoie au dossier Rwanda : écrire par devoir de mémoire, sur africultures.com dans lequel Boubacar Boris Diop explique pourquoi son texte repose sur des témoignages, des choses vues et entendues et que signifie ce parti pris, de quel souci humain et de quelle honnêteté d’écrivain il est le révélateur.
Pourquoi Céytu ? C’est le nom du village où est né et inhumé l’intellectuel et homme politique sénégalais, Cheikh Anta Diop, un historien, anthropologue, égyptologue, ayant réfléchi la question de la place et l’apport de l’Afrique noire, non du point de vue du colonisateur, mais en tant qu’espace humain à part entière, avec ses présupposés anthropologiques, ses structures de pensées, ses organisations sociales, ses dynamiques d’évolution propres…
Les trois premiers textes du label Céytu sont :
Aimé Césaire, Natewetu deret, Une saison au Congo traduit par Boubacar Boris Diop.
JMG Le Clézio, Baay samam, doomu Afrig, L’Africain traduit par Daouda Ndiaye.
Mariama Bâ, Bataaxal bu gudde nii, Une si longue lettre traduit par Mame Younousse Dieng et Arame Fal.
Céytu est un partenariat des éditions Zulma et Mémoire d’encrier qui publie déjà des des textes en créole haïtien et en innu.
Dans le deuxième volet du tout premier article du blog, j’ai déjà parlé du poète et éditeur Rodney Saint-Éloi qui considère ne pas connaître de petites et de grandes langues, mais des langues estimables, soulignant que toutes méritent d’avoir des lecteurs, donc de la visibilité.
Alors, portons notre attention sur Laure Leroy qui, avec Serge Safran, a fondé, en 1999, les éditions Zulma. Pour Laure Leroy, l’idée de publier en wolof, née d’une conversation avec Boubacar Boris Diop, est une folle aventure. Il lui a paru naturel de s’associer avec Rodney Saint-Éloi, l’Haïtien montréalais, car une partie du public en Amérique du Nord a une connaissance du Sénégal et une douzaine de langues africaines sont parlées aux États-Unis. Laure Leroy estime que traduire en wolof des ouvrages importants, avec des thématiques fortes et universelles, est une forme de partage. Les livres seront distribués dans les librairies françaises et francophones par le biais de l’OCDE qui adaptera leur prix au niveau de vie de chaque pays.
Longue vie donc à Céytu qui est aussi est une épatante, une féconde histoire d’amitié entre Boubacar Boris Diop, Laure Leroy et Rodney Saint-Éloi.
Vous voulez en savoir davantage? Ce PDF rassemble des articles de presse sur Céytu.
Cher tout le monde, femmes, hommes et tant d’autres, on se quitte en douceur avec une comptine en wolof Bébé Yo chantée par Lamine M’Bengue.
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