Cher tout le monde, femmes, hommes et tant d’autres, en ce premier novembre, jour de la Toussaint et veille de la fête des morts, je vous propose Une gravure fantastique du poète française Charles Baudelaire (1821-1867)
Ce spectre singulier n’a pour toute toilette,
Grotesquement campé sur son front de squelette,
Qu’un diadème affreux sentant le carnaval.
Sans éperons, sans fouet, il essouffle un cheval,
Fantôme comme lui, rosse apocalyptique
Qui bave des naseaux comme un épileptique.
Au travers de l’espace ils s’enfoncent tous deux,
Et foulent l’infini d’un sabot hasardeux.
Le cavalier promène un sabre qui flamboie
Sur les foules sans nom que sa monture broie,
Et parcourt, comme un prince inspectant sa maison,
Le cimetière immense et froid, sans horizon,
Où gisent, aux lueurs d’un soleil blanc et terne,
Les peuples de l’histoire ancienne et moderne.
Voilà l’histoire : laissons le galop du cheval pâle de la Mort nous transporter en Haïti où, dans le panthéon vaudou, Baron Samedi est le lwa (esprit) des morts, avec ses autres incarnations Baron Cimetière et Baron La Croix. Baron O est chanté par le groupe haïtien RAM, dont une des chansons Ibo Lele (Dreams Come True) fait partie de la BO du film Philadelphia (1993) qui vaut à Tom Hanks son premier Oscar du meilleur acteur. Le fondateur du groupe RAM est Richard Auguste Morse, propriétaire de l’Hôtel Oloffson dans le centre-ville de Port-au-Prince, une gigantesque demeure de style colonial-gothique dont Graham Greene s’est inspiré pour camper le décor de l’Hotel Trianon dans son roman Les comédiens (1966).
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