Dyptique de L’Intranquille Garouste ( volet 1/2)
Cher tout le monde, femmes, hommes et autres, sachez que j’ai d’abord apprécié en Gérard Garouste l’œuvre du peintre et sculpteur reconnu. Puis, j’ai entendu parler de son engagement citoyen envers l’enfance, avec la création de La Source. Association à vocation sociale et éducative, La Source a comme vocation l’éveil, par l’expression artistique, des enfants pour qui l’art n’est pas superflu. Ni luxe ni divertissement, il se révèle un espace de construction essentiel.
C’est avec L’Intranquille Autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou que j’ai découvert l’homme Garouste. Il vient juste de perdre son père et, sur un ton de procès-verbal ou de compte-rendu de légiste, constate :
Il est mort et j’étais soulagé (p. 11).
Ainsi débute le récit personnel, écrit avec l’aide de Judith Perrignon, dans lequel la puissance paternelle est tout partout. Terriblement dévoratrice.
Garouste père, antisémite ayant spolié des juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale, était toujours prêt à marteler son credo entêté. Le fils comprend que cette mort ne change pas grand-chose.
Je vis depuis toujours dans la faille qui existe entre lui et moi. (p.13)
Une faille peuplée de mensonges, de manipulations et de propos mesquins reflets d’une famille bourgeoise instillant le malaise et où une histoire d’inceste est préférée à une histoire d’amour, puisque l’amour y est vécu comme un scandale, un trop-plein de liberté à ôter de l’arbre généalogique. L’esprit sensible de l’enfant ne résiste pas à la charge continue de confusions et d’ambiguïtés. Garouste père, mari et parent tyran, a pourtant ce geste sauveur : envoyer Gérard au pensionnat. Au Montcel, il y a des gamins remisés. Des rejetons de familles aisées, qui les négligent, voire, oublient.
Il y a les jeunes Patrick Mondiano, Jean-Michel Ribes, François Rachline… Gérard Garouste, le garçon angoissé et lunatique, s’y sent libre. Il noue des amitiés pour la vie.
Lors des vacances scolaires, chez un oncle et une tante bannis de la famille sachant bien ségréguer, il a ses premières émotions et escapades esthétiques. Renvoyé du pensionnat, puis de diverses écoles, il fréquente sans assiduité les Beaux-Arts où il rencontre sa future femme. Il va errant au Louvre. Il se sait artiste, mais son esprit est une zone de tourments maximaux. Il travaille chez son père ogre massacreur de merveilles orientales, meubles, paravents et coffres afin d’en faire des meubles télés vendables. La dislocation que narre alors le fils complice involontaire prélude à celle de sa vie psychique.
La seconde partie de l’article ici.
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