Le Cœur révélateur, The Tell-Tale Heart – traduction Charles Baudelaire
« Quand j’eus attendu un long temps, très patiemment, sans l’entendre se recoucher, je me résolus à entr’ouvrir un peu la lanterne, mais si peu, si peu que rien. Je l’ouvris donc, — si furtivement, si furtivement, que vous ne sauriez l’imaginer, — jusqu’à ce qu’enfin un seul rayon pâle, comme un fil d’araignée, s’élançât de la fente et s’abattît sur l’œil de vautour.
Il était ouvert, — tout grand ouvert, et j’entrai en fureur aussitôt que je l’eus regardé. Je le vis avec une parfaite netteté, — tout entier d’un bleu terne et recouvert d’un voile hideux qui glaçait la moelle dans mes os ; mais je ne pouvais voir que cela de la face ou de la personne du vieillard ; car j’avais dirigé le rayon, comme par instinct, précisément sur la place maudite. »
Cher tout le monde, femmes, hommes et tant d’autres, l’extrait ci-dessus est tiré du troisième paragraphe de la nouvelle Le cœur révélateur d’Edgar Allan Poe, publiée en 1843. Dans ce récit d’une grande efficacité, le narrateur dit souffrir d’un mal lui ayant aiguisé les sens. Il s’adresse au lecteur qui ressent, bien que le personnage s’en défende, son état de folie allant crescendo, de trouble obsessionnel d’une précision fascinante, froide, étrangement raisonneuse, opérant, après le geste meurtrier, un glissement de l’horreur visuelle vers le délire auditif.
En 1977, le groupe américain de rock Talking Heads chantait Psycho Killer :
I can’t seem to face up to the facts
Je ne peux pas sembler faire face à la vérité
I’m tense and nervous and I can’t relax
Je suis tendu et nerveux, et je ne peux pas me relaxer
I can’t sleep ’cause my bed’s on fire
Je ne peux pas dormir parce que mon lit est en feu
Don’t touch me I’m a real live wire
Ne me touche pas je suis une pile électrique
Psycho Killer,
Tueur Psychopathe
Qu’est-ce que c’est ?
Qu’est-ce que c’est ?
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