Ici ma fantaisie succomba sous l’extase.
Mais déjà commandait aux rouages dociles
De mon désir, de vouloir, L’Amour
Qui meut et le Soleil Et les autres étoiles
DANTE, La Divine Comédie, « Le Paradis », chant XXXIII
Cher tout le monde, femmes, hommes et tant d’autres, à Orlando, un homme armé a distribué, le temps d’une chanson, la mort et la panique durable.
Le maître de musique macabre a fait couler le sang et cassé des corps durablement, dans un lieu de joie humaine et de fête ouverte à tous qui battait son plein sur la piste de danse.
À deux heures du matin, le dimanche 12 juin, à Orlando, dans la bonne ambiance et la transpiration de la danse, un homme a fait chanter les armes qui ont fait cesser de chanter d’autres hommes : le thème de la soirée était pourtant heureux, était pourtant Latin Night.
L’homme, qui a fait chanter les armes, n’aimait pas les hommes qui aiment les hommes leur forme d’amour vieille comme l’amour, et si naturelle qu’on l’observe dans la nature, il suffit d’y être attentif.
D’un autre côté, sur ce terrain, on s’en fout de la nature ! En tant qu’être humain, s’il est sensé d’écouter la nature, on n’a pas à lui laisser le soin nous dicter notre conduite amoureuse ou de guider nos mœurs.
On n’a pas besoin de l’assentiment de la nature pour accepter l’amour bonne chose bien sous toutes ses formes aimantes, marginales ou non, la dimension statistique, on s’en fout aussi, l’humain étant la singularité.
À Orlando, le maître de musique macabre, l’homme qui a fait chanter les armes, qui ont fait cesser de chanter d’autres homme, a sévi au Pulse, une discothèque gay dans laquelle des non-gays et d’autres dansaient la salsa et le merengue.
Dans la Latin Night, des non-gays et bien d’autres faisaient aussi la fête, comme moi à l’époque où j’adorais sortir dans la nuit homosexuelle que je trouvais plus drôle, plus festive, plus amicale…
Mais l’homme qui a fait chanter les armes dans le club gay où il a traqué ses victimes jusque dans les toilettes, le maître de la musique macabre ne s’est pas embarrassé de telles considérations, car l’intolérance ne fait pas dans le détail, elle distribue en rafales ses motivations mortelles, son idée de l’humain idéal au détriment de l’humain réel.
Au milieu de la Latin Night du Pulse, l’intolérance a tiré dans le tas, le tas de jeunes humains, de jeunes humains couchés en tas par terre, de jeunes humains gisants bientôt définitivement, réduits à néant par les balles de l’intolérance totalitaire qui emprunte le raccourci du loup de La Fontaine : si ce n’est pas toi, c’est donc ton frère… c’est donc quelqu’un des tiens.
Les dernières estimations avancent cinquante morts et cinquante-trois blessés.
Au mauvais endroit ?
Au mauvais moment ?
Sur la piste de la Latin Night, 100% salsa et merengue, à deux heures du matin, le dimanche 12 juin, au club gay, le Pulse, à Orlando où des gens sont morts d’aimer autrement ou d’être au moment endroit, au mauvais moment sur la piste de sang. Tellement jeunes ! Tellement…
Tainted Love ou amour souillé, corrompu est une chanson qui connaît un immense succès avec l’interprétation de Sof Cell en 1981.
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