Enivrez-vous
Il faut être toujours ivre, tout est là ; c’est l’unique question.
Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous !
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, […]
[…] demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge ; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est.
Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront, il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.
Enivrez-vous du poète français Charles Baudelaire (1821-1867) est tiré du recueil Le Spleen de Paris sous-titré Les petits poèmes en prose.
Sous la forme d’une exhortation pressante, on retrouve, dans Enivrez-vous, des thèmes de la poétique baudelairienne : le fardeau du temps destructeur, l’impératif de la fuite dans les productions humaines que sont le vin, la poésie ou la vertu. Physique ou spirituelle, c’est kiff ! Importe juste d’entretenir l’ivresse nous dit l’amoralisme de Baudelaire.
D’abord regardez la vidéo d’Enivrez-vous récité avec la sensibilité juste du chanteur et acteur français Serge Reggiani (1922-2004), puis plongez illico dans Le Spleen de Paris.
0 commentaires
Trackbacks/Pingbacks