Sur la muse de Baudelaire
S’appellait-elle seulement Jeanne Duval ? Il est dit qu’elle changeait souvent de nom afin d’échapper aux créanciers. On suppose qu’elle est née à Jacmel en Haïti. Elle était comédienne.
Des historiens doutent qu’elle soit la femme du tableau La maîtresse de Baudelaire d’Edouard Manet. En tout cas, Jeanne Duval est le fantôme de L’atelier du peintre.
Gustave Courbet a effacé Jeanne du tableau à la demande de Charles Baudelaire.
L’œuvre chimique du temps l’a faite réapparaître près de son compagnon. Leur liaison aurait duré une vingtaine d’années.
Dans l’imaginaire du poète, elle est la « Vénus noire », tantôt divine, tantôt bestiale. Une figure ambivalente. Elle lui a inspiré des poèmes comme Parfum exotique, Les bijoux, La chevelure…
Dans Je te donne ces vers, le poème XXXIX des Fleurs du mal, n’est-elle pas : Statue aux yeux de jais, grand ange au front d’airain !
Je te donne ces vers afin que si mon nom
Aborde heureusement aux époques lointaines,
Et fait rêver un soir les cervelles humaines,
Vaisseau favorisé par un grand aquilon,
Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,
Fatigue le lecteur ainsi qu’un tympanon,
Et par un fraternel et mystique chaînon
Reste comme pendue à mes rimes hautaines ;
Etre maudit à qui, de l’abîme profond
Jusqu’au plus haut du ciel, rien, hors moi, ne répond !
– O toi qui, comme une ombre à la trace éphémère,
Foules d’un pied léger et d’un regard serein
Les stupides mortels qui t’ont jugée amère,
Statue aux yeux de jais, grand ange au front d’airain !
Cher tout le monde, femmes, hommes et tant d’autres, on se quitte avec le poème chanté par Léo Ferré, tiré de l’album On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans (1986), écoutez ici.
Je viens de découvrir Jeanne Duval. Billet intéressant.