Colloque sentimental
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l’heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
– Te souvient-il de notre extase ancienne?
– Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne?
– Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve? – Non.
Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! – C’est possible.
– Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir !
– L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Colloque sentimental est le dernier poème du recueil Les Fêtes galantes de Paul Verlaine, dans lequel on sent que les réjouissances sont finies. Ce poème, constitué de strophes de deux vers appelés distiques, est un dialogue impossible entre deux interlocuteurs : le poème est, en fait, pièce de théâtre dans laquelle, une voix tente de raviver la flamme éteinte, tandis que l’autre refuse jusqu’au souvenir de l’amour. Le décor ou cadre du dialogue est connoté par la nostalgie, la tristesse, le froid, l’abandon. Ce poème prête corps au temps qui a fait son œuvre.
La mélancolie du Colloque sentimental a inspiré plus d’un. L’adaptation de l’auteur, compositeur, interprète et poète franco-monégasque Léo Ferré (1916-1993) est très connue. Celle-ci a été récemment reprise par l’artiste lyrique français Philippe Jaroussky, dont la voix de contreténor est accompagnée par le Quator Ébène.
Le recueil Les fêtes galantes du poète français Paul Verlaine (1844-1896) est composé de vingt-deux poèmes dont on ne peut que recommander la fréquentation même frivole, ici, en un clic. Il s’agit d’un PDF édité par des professeurs de l’Académie de Rouen en France et dont les commentaires et les notes sont nickel.
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